A comme Atelier d’écriture

J’ai le plaisir de vous informer que cet article est paru dans Les Vendredis Intellos sous le titre « Imagine ».

Crédit photo : www.photos-gratuites.org

Imaginez un éléphant jaune acrobate,

Imaginez une chaise danseuse d’opéra,

Imaginez un dragon pompier,

Imaginez une chaussure pianiste virtuose,

C’est facile si vous essayez,

Imaginez une souris verte qui court dans l’herbe rouge,

Imaginez un monde où tout est possible,

Vous pensez peut-être que je suis une rêveuse mais…

 Et si je vous disais que ce monde existe. Il existe dans chaque atelier d’écriture pour enfants. Il s’agit d’un endroit où l’enfant est guidé pour créer son livre, celui dans lequel son monde intérieur prend forme, libéré des contraintes et des préjugés. Tout cela est possible grâce au dessin créatif et grâce à l’écriture avec ses propres mots.

Sandra Albukrek-Sebban en parle si bien dans son livre « L’Atelier des Lutins, un guide pour aider les enfants à imaginer, illustrer et réaliser leur livre » :

«  Le « dessin créatif » est un cheminement par lequel l’enfant apprend à s’éloigner des stéréotypes, des modèles et des systématismes, en se libérant des pressions et de la compétition. Il expérimente le plaisir de traduire le monde extérieur et son monde intérieur par son propre ressenti, son regard sur les choses. Il se fait confiance, respecte son propre rythme et son évolution sans se juger. Il acquiert une concentration une « présence », et dessine avec joie. Discipline et plaisir sont réconciliés. »

« L’Atelier des Lutins, un guide pour aider les enfants à imaginer, illustrer et réaliser leur livre », par Sandra Albukrek-Sebban, Editions Oskar Jeunesse, p8

« Rien n’empêche un enfant de peindre la mer en orange […] ou le ciel en lilas s’il le désire »

« L’Atelier des Lutins, un guide pour aider les enfants à imaginer, illustrer et réaliser leur livre », par Sandra Albukrek-Sebban, Editions Oskar Jeunesse, p45

Et comme chaque enfant est différent, il est inutile d’essayer d’ajouter des contraintes.

« Il est important de respecter le rythme de chaque enfant. Certains peuvent réaliser trois, voire quatre dessins en deux heures et d’autres préfèrent s’attarder sur le même pendant trois ou quatre séances »

« L’Atelier des Lutins, un guide pour aider les enfants à imaginer, illustrer et réaliser leur livre », par Sandra Albukrek-Sebban, Editions Oskar Jeunesse, p26

J’ai voulu, pour illustrer mes propos, une fois n’est pas coutume, laisser la parole à quelqu’un qui en parlera mieux que moi car elle anime des ateliers d’écriture pour enfants.

MM : Comment vous est venue cette magnifique idée d’atelier d’écriture pour les enfants?


Julie Simon: J’avais très envie de proposer des animations pour les enfants. J’ai deux enfants, de 4 et 8 ans qui inventent et racontent des histoires régulièrement. Je participe à un atelier d’écriture pour adultes et j’avais très envie de le décliner pour les enfants.

Ce type d’approche permet aux enfants d’être actifs par rapport aux livres, à la lecture : être acteur de l’histoire, inventer ses héros, son intrigue… Cela permet aussi de familiariser les enfants avec les différents styles littéraires puisque nous travaillons sur les contes, les légendes, les fables, etc.

La première partie de l’atelier est dédiée à la découverte du style littéraire choisi. Je leur lis des extraits, leur montre des ouvrages, pour que cela soit concret pour eux. La seconde partie est dédiée à la création de l’histoire, soit collective, soit individuelle.

MM : Je vais sans doute vous poser une question étrange, mais est-ce qu’il est nécessaire pour un enfant de savoir écrire pour participer à vos ateliers? Peut-il par exemple dessiner son histoire?


Julie Simon : Il n’est pas nécessaire de savoir écrire. Au contraire, l’écriture ne doit pas être un frein, l’important n’est pas l’écriture, mais l’imagination. Je ne corrige pas les fautes pendant la séance, je les laisse faire, il est vraiment primordial qu’ils soient libérés de toutes contraintes de grammaire ou d’orthographe, de toutes angoisses de mal faire. Il faut qu’ils puissent se laisser aller totalement et n’être concentrés que sur leur histoire. La seule consigne est de respecter les contraintes du format de l’histoire que nous voyons au début de l’atelier. Par exemple, pour un conte, il faut un début, un héros, un drame, puis une fin heureuse.

Nous discutons beaucoup avec les enfants durant les ateliers, je leur pose des questions, je les aiguille, les oriente. Pendant que nous parlons, ils illustrent leurs récits.

Moi j’écoute et je note ce que chacun raconte. Ensuite, je passe voir chaque enfant pour peaufiner avec lui les détails de son histoire.

Après l’atelier, je retranscris fidèlement les récits de chacun et insère les illustrations. Chaque enfant reçoit donc son conte, sa fable, son histoire, avec ses dessins.

MM : Est-ce que vous utilisez une pédagogie particulière (Montessori par exemple) pour guider les enfants? Est-ce que les grands ont tendance à aider les plus jeunes et les plus jeunes à imiter les grands?


Julie Simon : Je n’utilise rien de particulier, j’ai toujours eu un bon contact avec les enfants et comme tout se passe bien, je n’ai pas eu à utiliser de méthodes particulières. Les enfants interagissent beaucoup, ils discutent, argumentent. Une des choses qui m’a le plus surprise, c’est qu’ils ont une vraie envie de se différencier. Les copines ne s’imitent pas forcément entre elles, les petits ne copient pas forcément sur les grands.

Il n’y a pas de « compétition », chacun est très curieux et  bienveillant par rapport au travail de l’autre. Les plus grands vont aider les petits pour tout les détails matériels, pour tailler un crayon, attraper quelque chose, mais les plus petits n’expriment pas le besoin d’être aidés pour écrire.

Jusqu’ici, aucun des participants n’a « séché », puisque l’on discute beaucoup en amont, je pense que ça les aide. Et puis les enfants ont une imagination débordante, il faut juste la cadrer pour que leur histoire corresponde aux contraintes du format décidé (conte, fable, BD, etc.).

MM : Est-ce que les parents, qui sont restés de grands enfants, peuvent participer aux ateliers avec leur enfant, si celui-ci l’autorise bien-sûr?


Julie Simon : Je n’ai jamais eu la demande et honnêtement je ne l’encourage pas. Les enfants sont contents d’être seuls, sans leurs parents. Et surtout, ils sont très fiers de présenter leur histoire une fois finalisée. Pour le premier atelier qui s’est déroulé en trois séances, j’avais demandé aux enfants de garder un peu le mystère sur leur histoire pour que la découverte soit totale à la lecture. Ils ont suivi la consigne à la lettre et aucun parent n’a rien su avant de lire le conte de Noël écrit collectivement. Au final, cela a créé la surprise pour tous : les enfants étaient fiers de présenter leur création, et les parents heureux de découvrir enfin ce qui avait été fait.

Pour cette fin de première année, j’aimerais organiser une lecture de toutes les histoires écrites lors des différentes sessions avec les parents autour d’un petit goûter.

MM : Comment peut-on inscrire nos enfants à vos ateliers?


Julie Simon : Pour les ateliers se déroulant à Roucy, les dates et les thèmes sont communiqués sur la page facebook et sur le site internet www.scribbox.fr .

Il est également possible d’organiser des ateliers d’écriture à domicile et d’en choisir le thème, la durée, etc. Je me déplace de Reims (51) à Laon (02). Cela peut être une activité originale et ludique pour occuper les enfants lors d’un après-midi entre copines ou pour animer un anniversaire.

MM : Est-ce que vous vous accepteriez de vous déplacer dans des écoles ou dans des associations si celles-ci vous en font la demande?


Julie Simon : Bien sûr. Il faut adapter le format en fonction du nombre d’enfants, de leur âge, du contexte mais j’aimerais beaucoup. Les enfants ont une imagination débordante, et j’aime pouvoir leur faire partager leurs petites histoires. J’aime les aider à structurer leur récit et les voir heureux de découvrir leur histoire, avec leurs détails, les anecdotes à eux. Et leur donner le goût de la lecture, de l’écriture, c’est vraiment une des choses les plus importantes.

MM : Merci beaucoup Julie d’avoir pris le temps de répondre à mes questions !
 

Ah… si comme Aladin j’avais une lampe merveilleuse, je crois bien que je demanderais au Génie de retourner l’espace d’un instant en enfance pour pouvoir « fabriquer mon livre » ou mieux encore, j’opterais pour une transformation en petite souris pour aller voir ce qui se passe dans les ateliers d’écriture pour enfants.

Pour en savoir plus :
http://www.scribbox.fr/enfants-scribbox-ateliers-decriture
http://www.latelierdeslutins.com/
« L’Atelier des Lutins, un guide pour aider les enfants à imaginer, illustrer et réaliser leur livre », par Sandra Albukrek-Sebban, Editions Oskar Jeunesse